Stéphane
• Gestionnaire forestier en Franche-Comté •
Portrait chinois
Quelques questions auxquelles il faut répondre rapidement pour dresser ton portrait.
Si tu étais...
un arbre ?
Un sapin. Il est bien, il a une capacité d’adaptation folle. Il a une stature, une bonne résilience ! Il me plait bien.
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Si tu étais... une couleur ?
Si tu étais... un animal ?
Un lynx !
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Si tu étais... un massif forestier ?
Le Jura ou le Plateau de Millevaches. Impossible de choisir…
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Si vous étiez... une saison ?
L’hiver évidemment. Je n’aime pas la chaleur, j’aime le blanc… l’hiver !
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Si tu étais... une valeur parmi les 4 de COFORET ?
La confiance ! Elle est importante et les autres ne peuvent pas fonctionner sans celle-là.
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Si tu étais... un mantra ou une devise ?
« Les meilleures idées sont une synthèse des bonnes idées des autres. »
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Faisons connaissance...
Stéphane, gestionnaire forestier au sein du service « GPAT : Gestion de Propriétés et Aménagement des Territoires », sur la section Bourgogne-Franche-Comté, et plus précisément sur le Doubs, la Haute-Saône et le Territoire de Belfort.
Depuis combien de temps travailles-tu chez COFORET, et comment es-tu arrivé ici ?
Depuis le 06 janvier 2003 très exactement ! J’y suis arrivé en connaissant Bruno Chapeau (ancien conseiller forestier local), alors que je travaillais au CRPF (Centre Régional de la Propriété Forestière). Je pensais que COFORET manquait d’un gestionnaire sur le secteur alors j’ai postulé !
Ce n’était pas une candidature à une offre d’emploi. Quand la fin de mon CDD (Contrat à Durée Déterminée) au CRPF est arrivée, j’ai d’abord beaucoup parlé avec Bruno, qui, à son tour, en a parlé à Jean-Jacques Verney, directeur de COFOVE à l’époque (anciennement COFORET). Et ensemble, ils ont pensé qu’il serait intéressant d’embaucher un gestionnaire forestier.
Peux-tu nous en dire plus sur ton parcours pro' avant COFORET ?
Alors, on peut commencer avec mon job d’été chez un expert forestier. Il a duré 2/3 mois entre mon BTA et mon BTS. À l’époque, j’avais été embauché pour la réalisation de martelages et de documents de gestion ; et après j’ai enchaîné avec l’armée.
À la sortie, j’ai intégré la scierie GUILTAT, une scierie de feuillus dans la Nièvre, en tant qu’acheteur de bois. Ensuite, j’ai été embauché par une coopérative forestière, qui n’existe plus aujourd’hui, pour créer les « Plan Simple de Gestion » (PSG), pendant plusieurs mois.
À la suite de ces expériences, je me suis orienté vers l’enseignement avec une année au Lycée agricole de Mesnières en Bray, en Normandie ; puis 3 ans en tant que professeur de techniques forestières à la Maison Familiale et Rurale (MFR) des Fins, dans le Doubs.
Ensuite, c’est le Centre Régional de la Propriété Forestière (CRPF) qui m’a ouvert ses portes pendant 3 ans. J’étais alors technicien forestier « tempête », j’avais pour mission de mobiliser le bois sur le secteur et de monter les dossiers pour la reconstitution des forêts. Et c’est donc à la suite de ça que j’ai intégré COFOVE (à l’époque !)
Quel parcours ! Alors, pourquoi avoir finalement intégré une coopérative ?
J’ai toujours aimé les coop’ ! J’ai fais mon stage de BTA dans une coopérative. Mon expérience dans la coopérative de la Nièvre m’a aussi beaucoup plu… et d’une manière générale, le système coopératif me plait : l’autonomie, le fonctionnement… On travaille pour tous les propriétaires, peu importe leur taille.
Tu nous parlerais de tes formations ?
Très simple, après le collège j’ai fait une seconde agricole dans un lycée agricole. Ensuite j’ai fait un BTA Production Forestière (Brevet de Technicien Agricole), puis un BTSA (Brevet Technicien Agricole Supérieur), Production Forestière.
Et à quel moment t'es venue cette passion pour la forêt ?
Par accident ! Un copain voulait faire forestier à 14 ans et j’ai tout simplement suivi… Nous sommes allés tous les deux au lycée agricole. Il est parti en « gestion et maîtrise de l’eau » mais moi j’ai continué en forêt et ça m’a bien plu. La preuve, j’y suis encore !
Rencontrons un peu dans les détails de ton métier. Tu nous as dit être gestionnaire forestier : en quoi ça consiste ?
En caricaturant, ça consiste à gérer les forêts du début à la fin, depuis la plantation jusqu’à la coupe définitive, tout en ayant le plus possible la vision d’une sylviculture à couvert continu. Je dis « le plus possible », car on fait ce qu’on peut aussi.
Et quelles sont tes missions ?
Mon quotidien, c’est la planification de toutes les activités à faire dans chaque forêt (travaux, coupes, inventaires…). Cette planification passe par la réalisation des documents de gestion (Plan Simple de Gestion (PSG), Règlement Type de Gestion (RTG)). Les coupes, elles, sont réalisées par mes collègues « conseillers forestiers ». Et on travaille en équipe, c’est fondamental !
Notons que les estimations, les inventaires et les plans de relance (France Nation Verte actuellement), tiennent une grande place dans mon quotidien ! Ces derniers sont d’ailleurs une solution non-négligeable pour les propriétaires qui ont besoin d’un coup de pouce pour relancer la gestion de leur forêt après un sinistre, et avec un investissement moindre. Et pour ça, je peux compter sur Caroline Gardette, en charge du suivi des dossiers au siège. Et son rôle est essentiel !
En tant que gestionnaire forestier on cherche constamment l’équilibre entre les volets environnementaux, écologiques et économiques pour les forêts de nos adhérents.
Tu as une vision globale des forêts.
Oui et le fait d’avoir de l’expérience, aussi, me permet d’avoir du recul ! Je repasse dans des forêts que j’ai pu parcourir déjà plusieurs fois par le passé et ça me permet de voir ce que j’ai bien fait et mal fait aussi.
On parlait du travail en équipe. À quel moment travaillez-vous ensemble ?
Tout le temps ! Chacune de mes décisions est corrélée avec l’activité de mes collègues conseillers forestiers. Ils réalisent le programme des coupes et travaux que je conçois pour chaque document de gestion. On échange beaucoup au quotidien à ce propos. Les comptages, les martelages… sont faits en équipe ! C’est primordial pour confronter les avis.
Et la relation avec nos adhérents ?
Elle est partout. On fonctionne en binôme pour partager notre vision (forestière) et leur souhait. Les relations sont diverses en fonction des personnes mais dans tous les cas, c’est une histoire de confiance. Nous avons des contrats de gestion avec certains adhérents et par conséquent, on se voit régulièrement et on échange beaucoup. Ces moments sont essentiels pour comprendre la gestion qu’ils souhaitent appliquer et comment on peut travailler ensemble.
Au fil des années, on imagine que tu as suivi des formations dans ton métier...
Ça nous arrive oui, en techniques forestières principalement. D’ailleurs, récemment tous les GPAT ont été formés à la Sylviculture Mélangée à Couvert Continue (SMCC) dans le Luberon. On se perfectionne, on se confirme et, d’une manière générale, on apprend toujours, et notamment par l’expérience des autres (sur un autre secteur, dans une autre entreprise, au sein d’autres structures…). C’est toujours intéressant et il y a toujours quelque chose à apprendre des autres !
Est-ce que tu arriverais à nous dresser le portrait d'une semaine type ?
Le lundi matin on essaie d’être au bureau. Ça nous permet de préparer la semaine et d’être joignable de tous. C’est d’ailleurs une spécificité de Franche-Comté qu’on tente de faire perdurer : tous les services forestiers sont joignables de lundi matin.
À partir de là, on pose la semaine et les choses à faire : les comptages, les martelages, les inventaires, les estimations… Si on doit faire un dessin grossier de la semaine, on peut dire que je passe entre deux et quatre jours sur le terrain et le reste au bureau. Mais rien n’est figé, le quotidien peut changer en fonction des moments et des besoins.
Es-tu confronté à des points de blocage ? Et comment arrives-tu à les résoudre ?
Je peux avoir des problèmes d’incompréhensions avec nos adhérents à cause d’un jargon technique parfois, des problèmes de reprise de plantations aussi, et des problèmes avec le suivi des entreprises qui travaillent en forêt… La communication c’est la clé pour résoudre la majorité des problèmes ! Le siège, situé à Lamure, est toujours disponible et à l’écoute si j’en ai besoin mais notre fonctionnement en autonomie me convient bien.
À l'inverse, est-ce qu'il y a des moments que tu apprécies particulièrement ?
Oui, celui de gérer mon travail comme je veux. Aussi, parfois quand je me balade en voiture ou à pied et que je tombe sur un point de vue sympa, c’est toujours appréciable. Le fait aussi de voir le travail que j’ai fais par le passé prendre forme, c’est satisfaisant ! Ce sont des petites choses mais ça participe aux petits bonheurs du quotidien
Y aurai-il un message que tu souhaites partager au public ? Et un préjugé à briser ?
Posez vos questions avant d’agresser et échangeons. Les réponses sont rarement simples mais discutons. Nous n’avons pas toutes les réponses mais rencontrons nous en parlons-en !
On n’est pas des sauvages. Nous ne sommes pas parfaits mais on essai de faire au mieux pour tous, et en particulier pour les propriétaires, qui sont quand même les décideurs finaux. Il ne faut pas l’oublier.
N’oublions pas, aussi, que la société change d’avis tous les 10 ans, mais que la forêt agit sur une temporalité plus longue encore, 40 à 60 ans minimum. On ne va pas tout révolutionner tous les 10 ans.
C'est un métier passion que tu pratiques aujourd'hui ?
Oui, c’est clairement un métier passion. Et, quand on voit les forêts dépérir, même si je peux avoir des périodes plus compliquées côté motivation, il ne faut pas se laisser abattre et ça me remotive de chercher à comprendre pourquoi il y a des attaques de scolytes à certains endroits et pas à d’autres, de tirer aussi les enseignements de nos actions passées… Essayons aussi de nous améliorer ! Croire que ça peut marcher me motive.
Tu es jury dans certaines écoles forestières. Tu nous en dis un peu plus sur ton engagement ?
Je pense qu’on a un devoir de formation. Ça se traduit avec l’accueil de stagiaires et d’apprentis mais aussi au sein des écoles en participant aux examens.
Au bureau de Pontarlier, nous avons en moyenne un apprenti par an, qui travaille à mes côtés pour la partie gestion forestière, et aux côtés des conseillers forestiers pour la partie gestion de chantiers. Ça permet d’avoir une vision globale des métiers et ça me tient à cœur de donner une chance aux jeunes !
À côté de ça, je suis aussi examinateur de jury pour les BTS à l’école forestière de Meymac, et pour ceux qui sont en Licence au sein du CEFA de Chateaufarine. Je reçois les rapports et fais passer les examens aux jeunes depuis près de 10 ans !
Et pour boucler la boucle, j’aime aussi accueillir les écoles qui organisent des voyages sur mon secteur ! C’est toujours un plaisir de les accueillir, quand on le peut, pour échanger et partager nos connaissances.
Un dernier mot ?
Faites-nous confiance ! Et discutons.

