Pierre

• Conseiller forestier en Belledonne 

Portrait chinois

Quelques questions auxquelles il faut répondre rapidement pour dresser ton portrait.

Si tu étais...
un arbre ?

Le hêtre !
Il est résistant.

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Si tu étais... une couleur ?

Le vert, le vert sapin !

Si tu étais... un animal ?

Le chamois…
Pour barouder des montagnes

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© lemagdesanimaux.ouest-france.fr

Si tu étais... un massif forestier ?

Les Alpes évidemment !

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Si tu étais... une saison ?

L’automne !
S
es belles couleurs et ses belles journées.

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Si tu étais... une valeur parmi les 4 de COFORET ?

La confiance ! 
La forêt a une dimension patrimoniale et sentimentale pour nos adhérents et il faut avoir confiance en nous pour qu’on puisse bien travailler ensemble. Et cette confiance se transmet à nos équipes sur le terrain !

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Faisons connaissance...

Je m’appelle Pierre, je suis conseiller forestier chez COFORET depuis juin 2007. Mon bureau est à Saint-Baldoph, dans les Alpes, et je travaille sur le massif de Belledonne depuis 2013 !

Quel est ton parcours scolaire ?

J’ai fais un premier BTS « Gestion Forestière », à Meymac, en Corrèze, pendant lequel j’ai fait un stage au Centre National de la Propriété Forestière (CNPF).

J’ai poursuivi avec un BTS « Technico-Commercial », en 1 an à Poisy, avec la Licence d’Aménagement du Territoire, en partenariat avec l’Université de Lyon III. Promo 2007 ! Et c’est pendant cette formation que j’ai pu mettre un pied dans la coopérative grâce au stage.

C'est ainsi que tu es arrivé chez COFORET ?

Et bien oui… Tout de suite, à la sortie de l’école… je suis arrivé chez COFORET ! J’ai postulé à une annonce et je me souviens, j’ai commencé en même temps que Stéphane Guiguet, un collègue des Alpes. Et à l’époque c’est Jean-Jacques Verney, le fondateur de la coopérative, qui m’avait recruté !

J’ai commencé en Haute-Savoie avec un ancien de la coop’ : Fabien Vigné. J’ai fais quasiment 2 ans à ses côtés en tant que renfort, au début de la crise scolyte de 2007 à 2008. Ensuite, de 2009 à 2012, je suis parti en Savoie, toujours chez COFORET. J’étais sur un poste qui était en partie aidé par le conseil départemental, pour la réalisation de plusieurs missions : l’animation de la desserte forestière en Chartreuse et avant-pays, le regroupement de propriétaires et la réalisation de chantiers test en bois-énergie. C’était le balbutiement du bois-énergie à cette époque.

Et c’est en 2013, que j’ai pris le poste sur mon secteur actuel : le massif de Belledonne !

D'où te vient cette passion de la forêt ?

Ah, depuis tout jeune j’aimais bien ça… Il y a eu le contexte familial qui a peut-être aidé, on faisait un peu de bois à titre personnel… Et le stage de 3e a conforté mon choix. La forêt, d’une manière générale, m’a attiré, et je suis parti dans cette branche !

Pourquoi avoir intégré une coopérative ?

Ça s’est fait naturellement. J’ai fait mon stage de BTS en coopérative, au sein de COFORET. Les missions m’ont plu et je suis resté ! Le terrain, faire les marquages, suivre les chantiers… ça m’a vraiment motivé !

Maintenant que nous connaissons mieux ton parcours, est-ce que tu peux nous présenter tes missions ? Que fais-tu au quotidien ?

Du bureau ! (rires) Ça commence par le bureau pour toute la préparation et l’organisation. C’est une partie qui augmente au fil du temps d’ailleurs… En moyenne, sur l’année, on peut presque compter 2 jours par semaine dédiés au bureau.

Ensuite, j’ai beaucoup de contacts divers : avec les propriétaires, les collectivités… Mais aussi pas mal de travail de terrain : du marquage, du repérage de limites, des visites conseils. J’aime bien cet aspect suivi de chantier et logistique ! J’achète le bois (aux propriétaires) et je le vends aussi… Je suis les chantiers et les bois jusqu’à la livraison chez le client. J’interviens de A à Z !

Tu as vraiment une vision globale !

Oui ! Et c’est ce qui me plait aujourd’hui. D’autant plus que, sur mon secteur, je touche à tout : les résineux, les feuillus et les peupliers ! C’est super intéressant.

Tu travailles en équipe au quotidien ?

Je suis régulièrement seul, surtout pour le terrain, bien que les gros marquages se font plus souvent à plusieurs. Mais ça me plait. Après on se retrouve au bureau et c’est sympa aussi.

Ce fonctionnement est aujourd’hui très bien pour moi car j’adapte mon organisation quotidienne librement. Mais pour nos nouvelles recrues, je reconnais que ce n’est peut-être pas évident… Une période de tuilage est indispensable pour acquérir la maturité nécessaire à la tenue d’un secteur.

Selon toi, le métier a évolué en 15 ans ?

Oui ! C’est indéniable ! Il est devenu plus compliqué. L’aspect administratif a évolué mais l’environnement général s’est aussi complexifié : le tourisme, les écologistes, les promeneurs, les vététistes… Le profil des propriétaires forestiers a également changé ! Parce qu’ils sont de moins en moins présents localement, ce sont de notions qui disparaissent : la saisonnalité des activités forestières, les différentes contraintes locales à prendre en compte, l’impatience… C’est une perte de connaissance qui nous demande d’informer et de communiquer davantage.

À ce propos, parle-nous des spécificités de ton secteur.

J’ai un peu de tourisme à prendre en compte sur le secteur de Belledonne pour l’organisation des chantiers, des réglementation (zonages) qui se superposent de plus en plus, demandant une vigilance constante. C’est le cas par exemple des Espaces Boisés Classés (EBC) notés dans les Plans Locaux d’Urbanisme (PLU). Ce sont des zonages à prendre en compte maintenant, et avec le changement de génération et les nouveaux ruraux, ce sont autant d’éléments à avoir en tête pour faire notre métier !

Les forêts ont une forte place dans les médias et dans le quotidien des français créant parfois des conflits entre exploitation forestière et promeneurs... Est-ce que c'est quelque chose que tu ressens ?

La multifonctionnalité des forêts : on est presque dedans au quotidien. Et sur le secteur, on adapte nos pratiques sur chaque chantier. Il y a parfois des chantiers où on se permet de barrer les pistes forestières ponctuellement et d’autres où techniquement ce n’est pas possible parce que le chemin à un autre usage.

L’avantage qu’on commence à voir, c’est que chez COFORET, on commence à être connus et identifiés (et on travaille pour !). Aussi, on prévient la commune des chantiers à venir, on informe au maximum les élus et les riverains… et on communique ! Avec une bonne préparation, les choses se passent bien dans la majorité des cas ! Plus on prend le temps de préparer un chantier mieux il se déroule.

Quelles actions mets-tu en place pour informer le public de tes chantiers ?

Les états des lieux avec les communes permettent de rencontrer les élus et de les informer de nos actions. Localement, on participe aussi régulièrement à des réunions d’information avec les territoires. Aussi, on affiche des panneaux d’informations pour les promeneurs…

Il y a aussi des événements qui s’appellent « Vis ma vie de bûcheron ». Ils permettent au public de venir en forêt pour découvrir nos métiers, notre savoir-faire mais aussi de découvrir notre structure et toutes les contraintes liées aux chantiers et de briser les idées reçues.
Chez COFORET et sur mon secteur, j’essaie de répondre présent au maximum pour rendre notre métier transparent et donner au public un maximum d’informations.

On ne pense pas tout de suite que ces missions font partie du métier de forestier...

Oui… et pourtant ! Aujourd’hui je défends une qualité d’exploitation et de service pour mes chantiers, et cette partie communication n’est pas négligeable parce qu’elle porte notre réputation !

Après, aujourd’hui, le prix compte beaucoup dans la balance du choix des intervenants pour le propriétaire forestier. Et je le comprends. Mais c’est parfois au détriment de cette qualité… Chez COFORET, nous apportons cette qualité de service mais le prix reste un élément déterminant. Toutes ces actions (d’information et de communication) apportent un confort pour nos adhérents, une sérénité qui est parfois (trop souvent) invisible… C’est regrettable.

Qu'est-ce qui fait la particularité d'un conseiller forestier dans les Alpes ? Le secteur géographique t'impose-t-il des contraintes ?

Aujourd’hui, je fais beaucoup plus de chantiers groupés. Les parcelles sont toutes petites dans les Alpes ! Alors, ça commence toujours par un propriétaire et ensuite, je réfléchi à une échelle plus grande en élargissant la zone d’intervention, en contactant les propriétaires des parcelles voisines… Pour dire : aujourd’hui, quasiment 80% de mes chantiers sont groupés ! Dans les Alpes, c’est la clé ! On a besoin de mutualiser pour réduire les coûts des machines, le déplacement des bûcherons, optimiser les coûts… C’est une pratique bénéfique pour toute la filière !

Quelles contraintes t'impose ce travail de mutualisation et de regroupement ?

C’est un vrai fil conducteur dans mon travail. Les chantiers groupés demandent une logique de réflexion étalée sur plusieurs années et donc : plus de préparation et d’anticipation. Les propriétaires à contacter sont plus nombreux et les démarches liées aussi…  On mène de vraies enquêtes pour trouver les numéros de téléphone de certains propriétaires !

Ensuite le travail reste sensiblement le même mais s’effectue à une plus grande échelle sur une temporalité plus longue : je fais le repérage des limites pour chaque propriétaire, le marquage des bois, les états des lieux des accès… D’autres acteurs du territoire et de la filière agissent pour favoriser ce regroupement, c’est le cas ici de la Chambre d’Agriculture par exemple.

Tu es confronté à des difficultés parfois ?

Forcément, la disponibilité des Entrepreneurs de Travaux Forestiers (ETF) est un frein… Ils se font rares ! Bien que j’aie la chance d’avoir des jeunes équipes sur le secteur, la filière manque d’ETF ! Avec la saisonnalité liée au secteur aussi, l’activité est rythmée par les saisons. Et l’hiver c’est plus délicat…

Y a t'il un p'tit bonheur que tu attend avec impatience dans ta journée ?

Oh, un lever de soleil ou un joli coucher de soleil, c’est toujours appréciable ! Là, plus récemment on a eu de jolis paysages d’automne. Les « merci » aussi sont toujours très appréciés… Mais ils se font rares !

As-tu une idée-reçue à briser ?

On effectue notre travail de manière raisonnée et responsable ! On n’est pas simplement là pour récolter : on travaille à long terme. On marque les bois pour le bien de la forêt, on intervient dans certains endroits à des périodes non-compatibles avec le tourisme mais qui sera, au contraire, au bon moment pour le sol… On sait ce qu’on fait. Faites-nous confiance.

Un dernier mot ?

Venez nous voir en forêt… On vous emmène !